Un peu d’histoire…
Cet ancien corps de ferme d’une superficie de 185 m², qui date des années 1820, est une ferme typique du Boulonnais. Il est construit en utilisant le torchis, très répandu dans le département du Pas-de-Calais. Il s’agit d’une technique de remplissage d’une structure porteuse en pans de bois couverte de lattis, au moyen d’un mélange de terre de type argile mélangée avec de la paille et des poils d’animaux. Le torchis est posé sur une structure d’accroche, elle-même fixée au pan de bois. Une couche d’argile malaxée similaire au gobetis est d’abord mise en œuvre et une couche de finition additionnée de chaux termine le lissage. Le badigeon de lait de chaux blanc assure la finition. La technique est ainsi employée dans la construction d’un mur ou pour le hourdis d’une maison en colombage.
Lorsque la commune d’Escœuilles décide de réhabiliter cette longère en torchis pour en faire une médiathèque rurale s’inscrivant dans le réseau des médiathèques du Pays de Lumbres, elle choisit de privilégier une restauration à l’identique en gardant la technique du torchis. Afin d’augmenter la superficie du projet, une extension contemporaine d’un volume respectueux du bâti ancien est réalisée sur conseil de l’architecte des Bâtiments de France et de la Fondation du patrimoine.
La restauration
Avant d’entamer la reconversion en médiathèque, le bâtiment en torchis fait l’objet d’un diagnostic réalisé par le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale. Le cabinet d’architectes PARALAX est désigné par la collectivité comme maître d’œuvre, pour la réhabilitation comme pour l’extension contemporaine. Angélique Thomas, architecte sensibilisée au patrimoine, rejoint l’équipe de maîtrise d’œuvre. Le projet est labellisé par la Fondation du patrimoine, étudié avec l’avis de l'Architecte des Bâtiments de France. Ce projet innovant de réhabilitation d’un bâtiment patrimonial en milieu rural est un modèle. En effet, il allie la préservation d’un bâti ancien et une extension contemporaine intégrée.
Afin de réaliser une restitution à l’identique, les pannes du Boulonnais (tuiles de terre cuite traditionnelles) et le torchis ancien sont démontés pour être récupérés et réemployés. Les travaux de couverture permettent de restaurer la charpenterie globale des murs et du comble de la longère en utilisant du chêne pour la structure et des lattes en châtaignier pour le support de pose du torchis. Un chantier d’insertion est mis en place et il est confié à l’association Rivages Propres, qui a reçu une formation spécialisée dans le domaine du torchis. A l’occasion de ces travaux, des élèves de CP-CE1 apprennent à fabriquer et poser du torchis sur le bâtiment lors d’ateliers organisés par l’association.
L’extension plus contemporaine, en bois et en verre, est aménagée à l’arrière du bâtiment pour créer un espace image et son. Celle-ci, légèrement décollée du pignon traditionnel en pierre, est reliée avec une passerelle en verre et s'intègre parfaitement dans le respect des volumes anciens du corps de ferme.