Patrimoines - Pas-de-Calais le Département
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Le château d'Hardelot

photographie générale du manoir du château d'Hardelot

Au début du XIIe siècle, un seigneur existe à Condette, vassal du comte de Boulogne. Il n’y a alors pas de motte castrale sur le site du château.

A la fin du XIIe siècle, le château fait partie du comté de Boulogne. En effet, les restes d’un donjon en bois ont été localisés et datent du temps du comte de Boulogne Renaud de Dammartin. On ne sait pas s’il était entouré d’une enceinte ou non mais le Roman d’Eustache le moine (XIIIe siècle) évoque les gardes du château.  Le comte de Boulogne y vient régulièrement et y signe des chartes. Celle fondant la chartreuse de Neuville par exemple est signé au château d’Hardelot ainsi que celle, en 1203, confirmant les droits de la ville de Boulogne.

Rempart médiéval détruit du XVIIe siècle

Il est habituel de dire qu’au XIIIe siècle, Philippe Hurepel bâtit sur le site d’Hardelot un château en pierres plus grand que celui qui s’y trouvait auparavant. Il munie sa forteresse d’une double douve. Les fortes similitudes entre Hardelot et Boulogne suggèrent qu’elles sont contemporaines mais aucun texte ne vient le confirmer dans les sources connues, ni aucune trace archéologique. Par ailleurs, l’archéologie révèle la présence de bâtiments en bois couverts de tuiles à l’extérieur de l’enceinte, ils renseignent sur la vie qu’on pouvait trouver autour du château. Cette vie semble être très importante, la comtesse et le comte de Boulogne quittant souvent le chef-lieu de leur comté pour se rendre au château d’Hardelot, y festoyer, chasser et recevoir les doléances des habitants locaux.

Au milieu du XVe siècle, le château rejoint le royaume de France et devient forteresse royale. Il est alors l’objet de travaux, en prévision de guerres contre les Anglais. Les comptes de bailliages permettent de connaître tous les détails de son anatomie à cette époque et de confirmer qu’il s’agit bien d’une forteresse jumelle de Boulogne.

En 1544, il est assiégé par Henry VIII en même temps que Boulogne-sur-Mer. Les Anglais en sont cependant rapidement chassés par des Ecossais à la solde des Français. Au début du XVIIe siècle, Marie de Médicis, alors régente, fait assiéger le château pour en chasser ses occupants protestants ; il est alors en grande partie détruit.

Donjon du château vu depuis les jardins avec une rose du rosier de l'Entente cordiale au premier plan

Au XIXe siècle, des propriétaires anglais se succèdent et « remodèlent » le lieu. Sir John Hare, riche industriel de Bristol devenu rentier, reconstruit le donjon en 1855 et entreprend des fouilles archéologiques. Il installe ses trouvailles dans la tour et accueille ceux qui souhaitent les voir. En 1863, lors de l’inauguration en grande pompe du nouveau « Casino » de Boulogne, des journalistes sont invités à visiter les alentours par M. Huret-Lagache. En parcourant le château d’Hardelot, voici comment Lord Pilgrim décrit Sir John Hare dans la revue « L’artiste » :

« Au château d’Hardelot, qui n’est plus que ruines au milieu des dunes, et où nous avons fait pèlerinage en compagnie de MM. Hénin, Lagache et Huret, on découvre chaque jour de précieuses pièces archéologiques. Ce castel démantelé appartient à Sir John Eyre, qui s’obstine à vouloir le reconstruire au nom d’Henry VIII, « roy d’Angleterre et de France » ! J’ai cru retrouver en Sir John Eyre l’antiquaire de Walter Scott, mêlé du fameux cousin Pons de Balzac. Sir John Eyre n’est plus de ce monde, il est tout à l’antiquité, il est tombé des nues lorsque nous lui avons annoncé l’inauguration d’un casino à Boulogne. L’antiquaire s’est renfermé dans sa tombe, et je doute fort qu’on voit l’esquire aux concerts des Tintelleries. »

Six mois après la mort de Sir John Hare en 1865, Henry Guy, fait construire jusqu’en 1872 sur les ruines du logis seigneurial médiéval, le manoir que l’on visite de nos jours. Il y vit avec sa famille pendant près de vingt ans. De style néogothique, enchassé dans les ruines du château fort, il constitue l’attrait principal du lieu aujourd’hui même s’il était dénigré lors de sa construction : « pastiche mal réussi du château de Windsor, et du plus mauvais gothique anglais. » pour Roger Rodière dans ses « Notes archéologiques sur le château d’Hardelot », il est une « verrue » sur les ruines médiévales pittoresques pour Camille Enlard.

 

Remparts sud du château avec portail, tours semi-circulaires et prunier en fleur du jardin au premier plan

Pourtant son architecture atypique va rapidement devenir un atout. En 1897, John R. Whitley fait du manoir, des ruines médiévales et de la nature environnante, le cœur de la station balnéaire d’Hardelot-Plage qu’il vient de créer. Le château est alors omniprésent sur quantités de cartes postales, d’affiches et il est encensé dans les journaux et revues locales notamment « Paris-Plage ».

En 1914, cette reconversion réussie est stoppée par le début de la 1ère Guerre Mondiale. Le château est alors géré par l’armée Britannique qui y installe une école d’infanterie militaire à destination d’officiers néo-zélandais et canadiens.

Après des années d’errances, le château est racheté en 1934 par l’abbé Bouly, curé de Condette et d’Hardelot, qui y installe la congrégation de Sainte Agnès d’Arras. A sa mort en 1958, le château est légué à l’association de loisirs de Condette.

Propriété de la commune de Condette depuis 1986, le château est géré depuis 2009 par le Département du Pas-de-Calais. C’est aujourd’hui un lieu de visite apprécié. Consacré à sa riche histoire et à la culture franco-britannique, les visiteurs peuvent déambuler dans les différentes pièces remeublées du château, découvrir des thématiques inédites dans la salle d’exposition temporaire, flâner dans les jardins anglais ou encore pétiller devant un spectacle proposé par le théâtre élisabéthain.

Pour en découvrir plus sur les personnages de l’histoire du château : https://chateau-hardelot.fr/Explorer/Histoire-du-chateau

Pour découvrir le programme culturel du château d’Hardelot : https://chateau-hardelot.fr/Votre-visite/Visites-guidees-et-ateliers

BEAUDEL André, Brève histoire du château d’Hardelot et de quelques personnages, Les cahiers du Callouy, Syndicat d’initiative de Condette, 1982

LE ROY Camille, Documents pour servir à l’histoire du château d’Hardelot et des châteaux circonvoisins, imprimerie Berger aîné et C. Le Roy, Boulogne-sur-Mer, 1859

LORD PILGRIM, Boulogne-sur-Mer dans L’artiste, 1863, p.62 à 64

RODIERE Roger, Notes archéologiques sur le château d’Hardelot, dans Mémoires de la commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, Tome II, 6e livraison, Arras, 1905

TARTARE Mathilde, Sir John Hare, Knight of the château d’Hardelot, dans Mémoire d’Opale n°11, 2019, p.3 à 10

THOBOIS Abbé B.-J., curé d’Alette, Le château d’Hardelot, Imprimerie Charles Delambre, Montreuil-sur-Mer et Paris-Plage, 1905