Les trois premières mesures du prélude ne sont qu’une reproduction de celles du Requiem. Les six autres, en un contour qui témoigne de l’effort suprême pour s’arracher à l’étreinte de la douleur, nous donnent le dessin orchestral qui servira de support aux voix suppliantes.
Mais, la pensée de l’auteur ne peut se résigner plus longtemps à éviter le parallèle qui s’impose aux Mères vénérées qui voient en ce plateau de Lorette le Golgotha de leurs enfants morts pour la Patrie : Christe eleison répètent les voix presque éteintes cependant qu’à l’orchestre les petits cuivres estompent en leur 12-8 des appels militaires et les contrebasses sonores étalent, en augmentation, la grande et réconfortante obsession, l’appel au devoir sacré, la première mesure de la Marseillaise !
Et toute la phrase s’anime, monte haletante, comme jadis sous les rafales qui interdisaient l’accès du plateau ; elle nous amène au Largo final du Christe que les voix reprennent comme un cri de ralliement sur le leitmotiv du Chant national.
Le "Kyrie" final nous donne sa conclusion comme le "Requiem" en dégradé se refermant encore sur lui-même dans l’humilité de la prière, de la résignation.
Programme des cérémonies du 26 mai 1927 à Lorette. Archives départementales du Pas-de-Calais, 42 J 347.
