L’administration de la ci-devant province d’Artois, voulant remédier aux accidens occasionnés par l’impéritie des sages-femmes dans les campagnes, a établi une école d’accouchemens à Arras.
Les registres de ses assemblées générales des années 1770, [1771, 1772, 1773], 1774, 1777 et 1778, contiennent les résolutions qu’elle a prises pour la formation et la perfection de cet établissement.
L’assemblée administrative du Département du Pas-de-Calais a fixé son attention sur cette école, et dans sa séance du 14 décembre 1790, elle a arrêté de la continuer et d’en faire partager l’avantage à tous les districts.
En conséquence de cet arrêté, son Directoire a jugé qu’il étoit nécessaire de faire connoitre aux directoires de district, et aux municipalités du Département, le régime de cette école.
Le cours complet d’accouchemens est d’environ deux années ; sa durée dépend de la capacité des élèves dont le nombre est fixé à douze.
Les leçons sont données gratuitement par des professeurs maîtres en chirurgie.
Les élèves sont logées, nourries, chauffées et éclairées aux dépens de l’administration, et sous la direction d’une maîtresse préposée à la conduite de la maison commune ; cette maîtresse reçoit 16 liv[res] 10 s[ous] par mois pour la nourriture de chaque élève.
Les élèves doivent pourvoir à leur habillement et entretien ; elles doivent aussi se procurer une paire de draps, deux serviettes et un couvert.
Chaque accouchement fait par les élèves est gratifié d’une somme de trois livres qu’elles partagent entre elles.
Elles obtiennent, à leur sortie de l’école, une somme de 100 liv[res] à titre d’encouragement ; mais, en recevant cette somme, elles doivent s’engager à ne pas changer, sans permission, la résidence que l’administration leur indique, si, après cet engagement, elles changoient de résidence, sans cette permission, elles devroient restituer ladite somme.
Les frais de leur réception, à leur sortie de l’école, sont payés par l’administration, à raison de 6 liv[res] au médecin qui préside l’examen, et de 24 liv[res] au corps des chirurgiens.
Lorsqu’une élève épouse un habitant de l’endroit où la résidence a été indiquée, elle reçoit une gratification de 300 liv[res] ; néanmoins on ne paye jamais plus de quatre de ces gratifications par années ; les fonds destinés annuellement à cet objet, n’étant que de 1200 liv[res], lorsqu’il se présente plus de quatre gratifications de cette nature à payer dans une même année, le payement de celles qui reviennent aux dernières sorties se rejette sur les années suivantes, et alors chaque élève touche selon l’ordre de la sortie de l’école.
Les élèves sont obligées de se conformer au règlement renouvellé le 21 avril 1770, et affiché dans l’école, pour assurer l’ordre, les mœurs et la pratique des devoirs religieux.
L’étude est, en général, de quatre heures par jour, et les momens de loisir des élèves sont employés à travailler pour leur usage particulier.
Chaque élève, à son tour de semaine, est obligée d’aider la maîtresse de la maison tant à apprêter à manger, qu’à tenir la maison.
Si elles manquent de conduite ou de capacité, elles sont renvoyées chez elles, et remises entre les mains de leurs parens.
Il devra toujours y avoir une élève de chaque district ; le directoire du Département est autorisé à disposer des quatre autres places, suivant sa prudence, de manière, cependant, qu’il n’y ait jamais plus de deux élèves prises dans un même district.
Le nombre des élèves n’est en ce moment que de […], il y a […] place vacante pour le district de […].
Les aspirantes doivent se faire inscrire sous quinzaine de l’affiche du présent avis, au directoire du district, qui en envoyera au Département, la liste, avec ses observations.
Elles doivent savoir lire et écrire.
[signé] Les Administrateurs composans le Directoire du Département du Pas-de-Calais. Galand, Secrétaire général.
Avis du Directoire du Département du Pas-de-Calais concernant l’école d’accouchemens établie à Arras, [Arras], de l’imprimerie de la veuve de Michel Nicolas, sans date [vers décembre 1790]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 1151.