L’appareil présenté ici est une chambre photographique technique DMR Paris (entreprise Demaria frères, 1897-1908). Cet appareil à soufflet et à plaque de verre, fait de bois et de cuir, est très maniable grâce à sa légèreté et à sa compacité : une fois replié, il tient dans un simple sac à bandoulière.
Il a probablement été utilisé par Charles Lecointe (1884-1975), photographe amateur de talent dont le travail a été plus d’une fois récompensé lors de salons arrageois ou parisiens. En 1996, son petit-fils a fait don aux archives départementales d’une importante collection de supports photographiques (environ 4 500 positifs et 10 000 négatifs noir et blanc sur plaques de verre), ainsi que de matériel de photographie (appareil, trépied, drap, besace, boîtes, etc.).
Un peu d’histoire
Les techniques photographiques ont connu un prodigieux essor au cours du siècle dernier. Hier encore, nous utilisions des pellicules photographiques argentiques, aujourd’hui des appareils numériques.
Mais saviez-vous que les premiers négatifs étaient sur plaques de verre ?
C’est Abel Niépce de Saint-Victor (cousin du célèbre Nicéphore Niépce, pionnier de la photographie) qui met au point en 1847 le premier procédé photographique sur verre, en imprégnant des plaques d’albumine. Il faut néanmoins attendre la technique au gélatino-bromure d’argent de Richard Leach Maddox en 1871, pour pouvoir fabriquer industriellement des plaques photographiques, les stocker et les distribuer dans le monde entier sans que leurs caractéristiques chimiques ne se modifient.
Cette pratique couramment utilisée dès 1878 contribue à démocratiser la photographie, jusqu’alors réservée aux professionnels et aux amateurs éclairés. Plus qu’un objet de consommation, elle devient un médium de création accessible au non-initié.
Des moyens de conservation spécifiques
Les plaques de verre conservées dans le fonds Lecointe (sous-série 36 Fi) sont pour la plupart des négatifs au gélatino-bromure d’argent. Ce procédé résiste généralement bien à l’épreuve du temps, mais les dégradations les plus fréquentes sont d’ordre physique (rayures, fêlures, cassures). Les rares altérations de l’émulsion proviennent d’une mauvaise préparation de la surface.
Un environnement dégradé peut aussi entraîner une argentification, encore appelée "miroir d’argent" : il s’agit d’un dépôt miroitant aux reflets bleutés, observé sous une lumière diffuse. Cette fine couche d’argent provient de l’image : elle a migré sous l’influence de la pollution et de l’humidité pour se déposer en surface.
Il convient ainsi d’aménager un espace de conservation adéquat pour ces supports fragiles. À l’abri de la lumière, les plaques sont rangées dans des boîtes et sur un mobilier spécifiques, ne dégageant aucun résidu chimique ni gaz oxydant. De même, la ventilation est entretenue régulièrement pour contrer les effets des gaz polluants.
Enfin, la température ne doit pas excéder 18° C et le taux d’humidité relative (HR, mesurée par un hygromètre) se situe idéalement entre 30 et 40 %. En effet, la gélatine favorise le développement des micro-organismes dans une atmosphère chaude et humide et l’émulsion, devenue collante, adhère à la plaque suivante et s’y fixe. Il en est de même lorsque l’air est très sec.
Les archives départementales conservent d’autres appareils photographiques de diverses époques, ainsi que des plaques de verre et négatifs provenant d’autres fonds. Ces documents pour le moins inhabituels ne sont pas communicables en salle de lecture en raison de leur fragilité.
valentin
un superbe descriptif de la photographie au temps de mon grand père
Le 29 août 2015 à 18h43