Dans la chaleur de l’été 1929, deux lions se laissent admirer par les badauds de la petite place d’Arras. Chargé d’ans, l’"ancêtre" ne porte plus vraiment beau alors que son "petit-fils" flamboie sous le soleil, arborant même "d’expressives moustaches gauloises" comme se plaira à le faire remarquer un journaliste de L’Avenir d’Arras et du Pas-de-Calais.
À gauche, le vieux lion, remisé au musée depuis 1833, contemple à nouveau, mais pour quelques jours seulement (8-11 août), le beffroi qu’il couronnait depuis 1554. En cuivre martelé, il présentait, du haut de ses quatre mètres, une bannière figurant tout à la fois l’écu d’Artois et les armes de la ville. Sous le règne de Louis XIV vraisemblablement, un soleil vint compléter ses attributs.
Le 13 février 1832, la municipalité prit la décision de faire abattre les parties supérieures du beffroi qui souffraient de désordres. Joseph Traxler, architecte en charge de la reconstruction, lui préféra un lion plus jeune, plus au goût du jour, que le chaudronnier parisien Desprats fut chargé de fondre. Victime des bombardements de la Grande Guerre, il tombe à terre avec l’ensemble du beffroi le 21 octobre 1914 et rejoint l’ancien lion au musée.
À renaissance de la ville d’Arras, nouveau lion ! Le "petit-fils", dont la création est confiée aux ateliers parisiens de plomberie d’art Monduit, ressemble à son grand-père, en adoptant un style "Renaissance". Les Arrageois les comparent à loisir quatre jours durant, avant que le jeune lion ne soit hissé au sommet du beffroi et inauguré le 25 août suivant.